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18 décembre 2017

Isabelle Khana déploie ses ailes pour Venise (Suite et fin)

Pluie de messages et de commentaires sur la première partie de ce billet consacré aux malheurs de Venise et à cette jeune femme passionnée qui cherche de toute son énergie comment aider les vénitiens au mieux et tenter ainsi, comme la plupart d'entre nous, de renverser la vapeur. Écrites sur une table d'un café de Milan, entre deux trains, il est vrai que ces lignes respirent un certain pessimisme. Trop vite mis en ligne avant de monter dans le train qui allait me ramener en France où je n'avais vraiment pas envie de retourner, le texte aurait mérité d'être revu et adouci. Mea culpa donc, chers lecteurs.

Il s'agissait d'introduire l'entretien informel que j'ai eu avec cette sympathique et charmante parisienne dont tout le monde parle. Isabelle Khana, dont le combat pour Venise a attiré l'attention des médias italiens et par ricochet des réseaux sociaux. Introduit par un ami, la dame qui était encore quelques jours à Venise avait un peu de temps pour que nous puissions faire connaissance. Rendez-vous fut pris sur le campo Santo Stefano pour un café. Elle m'avait fait comprendre que ce serait entre deux rendez-vous. Cela tombait bien, j'avais aussi d'autres engagements dans l'après-midi.
Le soleil brillait sur la ville. Nous nous sommes retrouvés aux pied du Cagalibri, sur le campo envahi par les jolies petites échoppes en bois fraîchement peintes en blanc du marché de Noël qui s'apprêtait. Une rencontre sans protocole ni chichis, entre passionnés de Venise, qui ne devait durer que le temps d'un café mais mais qui s'est poursuivie tout l'après-midi, caminando par les rues de la ville. Petit passage sur la Piazza où les étudiants recevaient leur diplôme en grand pompe puis vers Castello où la fondatrice de l'association Les Ailes de Venise avait rendez-vous avec le ferramento dont j'oublie toujours le nom, qui fournit en produits de nettoyage et peintures une autre association, vénitienne celle-là, Masegni e Nizioletti fondée par Alberto Alberti et Fabio Zambon.


Impossible de ne pas être sous le charme d'Isabelle. Son enthousiasme et sa détermination d'abord. Derrière un sourire plein de bienveillance et d'empathie, se cache un caractère trempé. L'action entreprise avec son association est évidente pour elle. Son amour pour Venise en est la source. Comme beaucoup d'entre nous, elle est tombée dans ce merveilleux puits sans fond qui nous rend complètement inconditionnel de la Sérénissime sans qu'on s'y soit attendu. Elle y a plongé avec joie et bonheur. Non, cela n'était pas dû à un quelconque retour de bâton, genre divorce ou rupture, pas d'échec professionnel (Isabelle Khana travaille pour une compagnie d'assurances). Aucun pathos ; ni fuite, ni échappatoire ; son combat pour Venise lui vient du cœur. Simplement. Mari et enfants la soutiennent tout en gardant une certaine distance pour cet engouement qui pourrait sembler démesuré à d'autres. Elle me confie que ses enfants sont amusés et fiers de voir leur maman dans la presse (article dans le Corriere della Sera, dans le Gazzettino...). Ils apprennent l'italien. Il n'y a pas de hasard.
Le combat est légitime, les moyens mis en œuvre conséquents : une association au joli nom, une pétition, et plein de projets comme autant de work in progress qu'il ne revient pas à TraMeZziniMag de dévoiler. Bref, cette jeune femme, rayonnante et solaire, a des ressources, elle déborde d'idées. Et puis, derrière sa réflexion, les stratégies qu'elle élabore, les objectifs qu'elle poursuit, il y a une belle âme. La regarder parler de sa famille, après avoir parlé de son amour pour Venise, puis de revenir à ce dernier, ne laisse pas de place au doute. Isabelle Khana est sincère et amoureuse. De la beauté, de l'art, de Venise mais pas comme une esthète, un pur esprit. Mère de famille, femme de son temps, elle sait bien que la beauté d'une ville, ses trésors et son histoire ne suffisent pas pour qu'elle passe l'épreuve du temps. Il lui faut la vie au quotidien, l'intendance et l'organisation d'une vie semblable à ce qui fait vivre tous les centres urbains du monde. Or, Isabelle l'a vite perçu, l'intendance ne suit pas vraiment à Venise. 

Manifestation à la Visconti l'autre jour à la Fenice pour protester contre la confiscation de l'immobilier du centre historique au profit d'hôtels et au détriment de l'habitat.


D'instinct, elle sait qu'il ne sert à rien de vouloir s'imposer. Les gros sabots ne remplaceront jamais les bottes et les cuissardes vénitiennes, même avec la meilleur volonté du monde. En se rapprochant des associations existantes à Venise qui défendent la survie de la ville, cherchent à freiner l'exode de ses habitants ( à peine un peu plus de 53.000 habitants aujourd'hui quand nous étions près de 90.000 il y a trente ans - et près de 200.000 avant la chute de la République !) à défaut d'assurer son repeuplement, Isabelle s'est faite le porte-drapeau de tous ceux qui partagent le combat des vénitiens : contre le moto ondoso, les Maxi Navi, la confiscation des espaces et bâtiments publics privatisés pour devenir d'énièmes hôtels de luxe, la disparition des commerces de proximité et le vandalisme (les tags et autres graffitis souillent la ville). Comment ne pas souscrire à son discours. On m'avait brossé le portrait d'une sorte d'aventurière là où je vois une passionaria (sans le côté désespéré et excessif qu'on associe trop souvent à ce terme). Rien de politique, aucun narcissisme exacerbé, aucune course à la médiatisation, bien au contraire. La dame s'en serait passée mais elle a vite compris combien cela pouvait devenir un atout et donner à ses projets une plus grande lisibilité. Si elle connait ses capacités, elle sait aussi ses limites. Elle ne cache ni ses faiblesses ni ses doutes : Isabelle Khana est modeste. En plus de ça, elle aime la poésie et elle se risque à me dire qu'elle écrit un peu. Pas assez à son gré et, toujours selon elle, rien qui ne mérite qu'on s'y attarde. Là, je ne l'ai pas crue.

Les membres de l'association Masegni e Nizioletti au travail du côté de San Bartoloméo en novembre dernier. ©
J'étais tellement pris par notre échange que je l'emmenai par un grand détour du côté de Rosa Salva à San Giovanni e Paolo au lieu de la conduire directement du côté de la Salizzada della Gatte où elle devait se rendre... Nous nous sommes quittés là, après un dernier sourire et un chaleureux au-revoir devant la devanture du marchand de couleurs, bien décidés à reparler de nos combats pour la Sérénissime.
Une amie italienne que je n'avais pas croisé depuis longtemps sortait d'une boutique voisine. Quand je lui expliquai ce que je faisais par là et avec qui, cette commère me lança : "Mon pauvre ami, tout cela sent le calcul et l'ambition. Pourquoi fait-elle tout cela sinon ?" Ah ! les bonnes langues bourgeoises... "Si cela lui donne des ailes et que ces ailes aident Venise à reprendre son envol, alors tant mieux !" ai-je répondu sans réfléchir, l''esprit rempli encore de tout ce dont nous avions échangé en chemin, Isabelle Khana et moi. J'avais loupé un rendez-vous, passé l'après-midi à arpenter les rues de Venise et la nuit allait tomber. Pourtant, je me sentais ravi. De cet échange imprévu.  Ravi aussi d'avoir cloué le bec à cette vénitienne presque jamais à Venise, qui n'a encore jamais relevé les manches de son manteau de vison pour aller effacer les graffitis qui enlaidissent les murs de la cité des doges! Le bref échange avec ma vieille amie revêche eut pour décor la calle où se trouve le Laboratorio autogestito Morion. Tout un symbole.

Comme les ailes des gabbiani qui ont inspiré le nom de son association... 




02 mars 2014

Reflets


Ce morceau de bois flotté trouvé sur la plage de Malamocco il y a des années et qui porte au dos, gravé par mes soins la très belle phrase de Jean Cocteau : "Il y a deux Venise, celle des pierres et celle des reflets". C'était un matin de juin, en 1985. J'allais bientôt quitter Venise pour revenir en France. Je ne parvenais pas à m'y résoudre. Les jours étaient déjà chauds, l'air très doux se chargeait de toutes les senteurs du large. La plage était déserte ou presque. J'ai toujours préféré ces lieux un peu excentrés où la foule ne vient jamais. Aucun touriste non plus. Comme sur les Murazzi, après les plages des grands hôtels du Lido, ces endroits n'étaient fréquentés que par les gens du coin, des amoureux, des bandes de jeunes qui déboulaient comme une volée de moineaux, se baignaient, s'ébrouaient puis repartaient. J'aimais y aller le matin avant l'été. Se baigner dans cette eau calme et chaude, nager dans la solitude d'une mer vide et profonde. Un régal. Je continue de fréquenter ces petites anses de sable éloignées des rumeurs de la ville. L'eau y est toujours aussi claire et le silence propice à mille rêveries. On y croise seulement les riverains, quelques campeurs parfois, et beaucoup moins de jeunes gens qu'autrefois, bien qu'il en vienne encore, bandes joyeuses qui s'ébroue et joue comme nous le faisions aussi.

04 mai 2013

Reflets à San Marco

Les reflets à Venise, quoi de plus banal. Voilà en effet un sujet souvent abordé et repris, peint, photographié, chanté. On ne s'en lasse pas ou on en est agacé. peu importe, ils caractérisent bien ce qu'est Venise après tout. On peut s'y épancher comme Narcisse pour y contempler sa propre image, on peut y lire l'histoire de nos vies, s'y plonger avec délice quand ils nous renvoient l'image de notre joie, nops bonheurs, nos amours... Et puis, d'un point de vue plastique, l'esthétique dont ils procèdent est un baume parfois. La lumière, les couleurs, la réalité qu'ils nous renvoient sont, comme la lecture, un très bon antalgique à nos peines, un sirop contre nos tourments. La magie de Venise là encore...
 
©Georgia Mizuleva - Tous Droits Réservés. 

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Le billet publié sur le site originel avait suscité 1 commentaire que Google n'a pas archivé... Merci Google !!!

02 juillet 2012

Venise et les peintres (I)

Venise et les peintres... Une longue histoire d'amour. un peu de hargne aussi parfois. Comment résister à cette lumière, à ces couleurs, à la magie des reflets... 

Ce miroitement qu'il est tellement difficile de traduire. Et les perspectives, la beauté altière des palais, la fascinante profondeur des ciels changeants... Beaucoup ont échoué à traduire ce miracle de beauté. Certains y parviennent à tel point que leur œuvre est définitivement associée à tout cela qui fait Venise et le regard qu'on pose sur elle, même à distance.





J'aime depuis longtemps partir à la recherche de ces vues de Venise, ces portraits de la Sérénissime nés un jour de la fascination d'un artiste, connu ou inconnu, professionnel ou amateur depuis le XIXe siècle. La galerie TramezziniMag vous en présente ici quelques uns, glanés au fil des ans, des expositions, des ventes et des lectures. Eugène Boudin aimait particulièrement la lumière sur les façades et leur reflet dans l'eau des canaux, comme le montrent les deux huiles présentées ci-dessus. 

Bon nombre de voyageurs ont avec eux un carnet à dessin où ils tentent d'immortaliser toute la beauté des lieux qu'ils arpentent. Simples ébauches, dessins achevés, crayon, encre, aquarelle, ces croquis ont toujours une âme et sont la plupart du temps remplis de poésie. Ils traduisent, parfois maladroitement l'amour de leurs auteurs pour Venise.



19 mars 2012

Cette semaine, le printemps revient !

 
Ce joyeux mystère qui chaque année soudain renouvelle nos âmes.
La lumière, un matin se fait rieuse.
Le reflet des murailles hier encore décaties se transforme aujourd'hui - éternelle magie -
en des reflets soyeux, pimpants comme les notes
de cette musique ancienne, qui par la fenêtre ouverte,
s'échappe d'un vieux palais qui penche...

05 mars 2012

Bonne semaine à tous !



3 commentaires:


Condorcet a dit…
Bonne semaine, Lorenzo ! Qu'elle soit propice à tous les Vénétophiles !
Nathanaëlle a dit…
Merci Lorenzo pour cette magifique photo, excellente semaine à vous également. Vénitiennement... Nathanaëlle
Catherine a dit…
Tout simplement merci Lorenzo pour ce rêve Vénitien.

14 février 2012

LA PHRASE DU JOUR : Reflets

"Il y a deux Venise, celle des pierres et celle des reflets."
- Jean Cocteau -


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02 août 2006